Chemin de Stevenson (2/4) : Goudet, Pradelles, Langogne, Cheylard-l'Évêque, Notre-Dame des Neiges
Texte original :
« Dans cet agréable état d'esprit, je descendis la colline, jusqu'à l'endroit où est situé Goudet, à la pointe verdoyante d'une vallée, en face du château de Beaufort sur une butte rocheuse et du cours d'eau, limpide comme du cristal, qui meurt dans un étang les séparant. D'au-dessus et d'en dessous on peut l'entendre qui sinue parmi les pierres, aimable jouvenceau de fleuve qu'il semble absurde d'appeler la Loire. »
« Je demandai à l'un des gamins où je me trouvais. Au Bouchet-Saint-Nicolas, me dit-il. Là, à un mille environ au sud de ma destination et sur l'autre versant d'un respectable sommet m'avaient conduit ces routes inextricables et la paysannerie trompeuse. »
« Il faisait un froid amer et glacial et, à part une cavalcade de dames à califourchon et un couple de facteurs ruraux, la route fut d'une solitude mortelle sur tout le parcours jusqu'à Pradelles. »
« Pradelles est situé au flanc d'un coteau dominant l'Allier, entouré d'opulentes prairies. »
« … j'aiguillonnais Modestine en bas de la descente escarpée qui mène à Langogne-sur-Allier. »
« C'était, en effet, le pays de la toujours mémorable Bête, le Napoléon Bonaparte des loups. Quelle destinée que la sienne ! Elle vécut dix mois à quartiers libres dans le Gévaudan et le Vivarais, dévorant femmes et enfants “et bergerettes célèbres pour leur beauté”. »
« Toutes les autres maisons du hameau étaient obscures et silencieuses et bien que je frappasse à une porte, ici et là, mes coups demeuraient sans réponse. Mauvaise affaire ! Je quittai Fouzilhac, vomissant des imprécations. »
« À parler franc, Cheylard ne méritait qu'à peine toute cette recherche. Quelques issues accidentées de village, sans rues définies, mais une suite de placettes où s'entassaient des bûches et des fagots, une couple de croix avec des inscriptions, une chapelle à Notre-Dame-de-toutes-Grâces au faîte d'une butte, tout cela sis au bord d'une rivière murmurante des montagnes, dans un renfoncement de vallée aride. »
« L'atmosphère était d'un bout à l'autre noire et cendreuse et cette couleur aboutissait à un point dans les ruines du château de Luc qui s'éleva insolent sous mes pieds, portant à son pinacle une immense statue blanche de Notre-Dame. »
« Car j'étais maintenant parvenu au petit chemin menant à mon étrange destination : le couvent des trappistes de Notre-Dame des Neiges. »
« Désormais la chasse était ouverte. Prêtre et soldat formaient une meute acharnée à ma conversion. C'était un prosélytisme baroque, mais des plus impressionnants. »